Interview : Naïma Latamna, chargée d’accompagnement au Geiq propreté
En novembre 2022, lors de notre événement Geiq Me Up, une récompense a été décernée aux chargés d’accompagnement des Geiq. Et ils le méritent : à l’interface des salariés et des entreprises, ils sont à la fois employeurs et accompagnateurs socio-professionnels, et sont un rouage essentiel du dispositif Geiq ! Pour mieux comprendre leur rôle, nous avons interviewé Naïma Latamna, chargée d’accompagnement au Geiq Propreté PACA.
Pouvez-vous nous présenter le Geiq Propreté PACA ?
Au Geiq Propreté PACA, nous proposons trois titres à finalité professionnelle (TFP) : Un TFP agent machiniste classique (ou AMC), un TFP agent d’entretien et de rénovation dans la propreté (AERP), et un TFP chef d’équipe.
Comme dans tous les Geiq, ces diplômes s’obtiennent en alternance. Ainsi, chacun de nos salariés a d’un côté la formation (sept heures par semaine) et de l’autre, il est mis à disposition dans une ou plusieurs entreprises adhérentes. Le parcours a aussi récemment été prolongé avec un dispositif de formation de 150 heures appelé Maîtrise des compétences clé de la propreté (MCCP), qui vise à transmettre aux salariés des savoirs généraux (lire, écrire, compter) tout en parlant de leur métier. En tout, les salariés restent donc en moyenne 14 mois dans le dispositif. Chaque année, nous en accueillons une cinquantaine.
Quel est le rôle d’une chargée d’accompagnement ?
Le chargé d’accompagnement est l’interface entre les entreprises et les salariés. Côté entreprises, mon rôle est d’accueillir leurs demandes de mise à disposition, et de leur proposer un profil adéquat. Côté salariés, je suis d’abord dédiée au « sourcing » : je recrute les candidats et leur présente le dispositif. Une fois qu’ils ont signé le contrat, je suis chargée de l’accompagnement de premier niveau : je les aide dans des démarches comme la déclaration Pôle Emploi, la demande de prime d’activité ou d’APL, le renouvellement des titres de séjour, l’ouverture de droits à la sécurité sociale, la demande d’équivalence pour un permis étranger… Et pour les problématiques plus complexes et chronophages, comme celle de l’hébergement, je les envoie vers l’assistante sociale que nous avons en interne. Enfin, au quotidien, j’ai aussi un rôle logistique : je gère les salles, les plannings des formations, etc.
Y’a-t-il des réussites, des parcours qui vous ont particulièrement marqués ?
Je suis souvent touchée de voir des personnes reprendre confiance en elles après plusieurs années sans emploi ou dans des emplois précaires, pas forcément déclarés – avec tout ce que cela comporte comme risque d’exploitation. Grâce au Geiq, ils ont désormais un emploi mais aussi un hébergement, ont appris le français, etc. Ce matin, un jeune a signé son contrat les larmes aux yeux. Signer un contrat, cela peut sembler anodin, mais pour certains salariés, c’est beaucoup !
D’un point de vue plus personnel, l’une de mes fiertés est d’avoir mis en place des formations de français avec le dispositif MCCP que j’évoquais précédemment. Car pour des primo-arrivants*, il est souvent difficile de trouver des cours de Français langues étrangères ou d’alphabétisation – alors que c’est essentiel pour pouvoir bien suivre les formations ! Ils peuvent donc désormais allier formation technique, apprentissage du français et travail en entreprise tout en étant rémunérés. Et depuis sa mise en place, mi-avril, nous voyons déjà la différence chez certains salariés.
Qu’est ce qui vous plait dans votre métier ?
Tout me plaît ! Les journées ne se ressemblent jamais : je suis aussi bien à la gestion d’un planning ou à la résolution de petits problèmes d’organisation, que sur de l’accompagnement social. Et ce qui me plait particulièrement au Geiq, c’est cette autonomie financière qu’ont les salariés dès qu’ils entrent dans leur dispositif. Car cela nous permet d’être vraiment dans l’accompagnement, pas dans l’assistanat : nous les aidons à lever leurs freins à l’emploi pour devenir pleinement autonomes et atteindre ce que revendiquent les Geiq, l’emploi durable.
J’ai toujours travaillé dans le social : dans l’emploi, en détention, dans des foyers d’hébergement… Mais le Geiq est l’une des premières structures où j’observe chaque jour les fruits de mon travail. Notre efficacité est mesurable : 50 % des candidatures au Geiq Propreté viennent désormais du bouche-à-oreilles. Dans le domaine de l’insertion, c’est peu commun ! Je pense que c’est grâce à notre accompagnement et notre capacité à mettre en place de bonnes conditions de travail pour nos salariés, malgré la difficulté de leurs métiers.
Au quotidien, j’ai donc la sensation que nous remplissons nos objectifs mais plus largement, que nous faisons du bien aux salariés que nous accueillons. Et ça, c’est particulièrement valorisant !
*Primo-arrivant : personne étrangère qui vient d’arriver en France